Divin Occident

Une armée régulière abat au quotidien des civils. Il y a ceux qui applaudissent et font la fête. Ceux qui s’inquiètent. Une petite inquiétude, c’est tout ce que ces crimes leur inspirent. Il y a ceux qui s’en foutent et parlent d’autre chose.

Après tout, il y a un mariage de prince, le discours du marié, la robe de la mariée, comme quoi même dans la couverture des mondanités-festivités de rentiers certaines habitudes ne changent pas chez les pros du baratin : les mots pour l’homme, le look pour la femme. Et l’anticipation quant aux enfants qui viendront, riches de naissance et beaux comme leurs parents.

Parlant d’enfants, dans les « grandes démocraties occidentales », ici, un groupe d’adolescents s’est mis à dix pour battre un homme à mort ; là, un énième gamin s’est saisi des armes de son père pour se rendre à son lycée et tirer sur tout ce qui bouge, en commençant par une jeune fille qui lui avait dit « non ». On discutera encore sur la nécessité de limiter la vente des armes. Demeurera l’impensé : ce ne sont pas les armes qui font l’envie de tuer. Et pourquoi ces sociétés produisent-elles des gosses nourris par ce désir de tuer ? On voudra se convaincre que ces assassins qui sortent du biberon sont les fils de « mauvais voisins », originaires d’ailleurs, et qui n’ont pas su s’intégrer…

Divin Occident…

Au hasard des lectures, les grands trous de mémoire. Rien n’est plus « agréable » que de lire un grand théoricien affirmant que le pire qui soit arrivé à l’humanité soit le communisme et le nazisme. Il y aurait donc ainsi une hiérarchie du pire. Et la colonisation et l’esclavage moderne n’ont-ils pas accouché de ce monde en ses inégalités, haines et divisions ? Y a-t-il eu événement plus structurant dans ces étranges temps modernes ? Mais c’est loin, dira-t-on. Loin, plus du point de vue de la géographie que de l’histoire. Mais ne sommes-nous pas toujours le lointain de quelqu’un d’autre ? Et le lointain a ses formes de frapper à nos portes…

Mais, à défaut de mariage de prince, il y aura bientôt la Coupe du monde de foot. Pendant ce temps, telle armée régulière qui a toujours raison continuera sans doute de tirer sur des civils. Tels enfants ayant tôt perdu la raison continueront de tirer sur leurs proches, des passants ou leurs condisciples. Telles affaires continueront d’éclater autour de politiques ou de puissants, le temps d’un scandale, sans que l’on se demande de quoi tout cela peut-il être le symptôme.

Et, experts et paumés continueront d’aller de par le monde pour jouer aux donneurs de leçons. Après tout, ça marche. N’a-t-on pas vu récemment un ministre, fier comme l’élève cherchant autrefois les bonnes grâces d’un curé breton, se féliciter des compliments de telle institution sans demander l’avis de la population ?