Le RNDDH présente la radiographie des Prisons du Pays, 2009

Les autorités haïtiennes, depuis plus d’une décennie, se donnent pour missions d’améliorer les conditions de détention des détenus et de combattre la détention préventive prolongée. Cependant, les décisions qui ont été prises, jusqu’à date, ne constituent que des palliatifs et n’abordent pas la problématique de la prison dans toute son acuité. En dépit de la création de plusieurs commissions devant se pencher sur la problématique de la détention préventive prolongée et malgré la libération de plusieurs personnes sur la base de raisons dites humanitaires, aucune avancée réelle n’a été réalisée en matière carcérale.

A l’occasion de la journée internationale des prisonniers, le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) et ses Réseaux Départementaux se proposent de passer en revue le fonctionnement de la Direction de l’Administration Pénitentiaire (DAP) et de faire la radiographie de chacune des dix-sept (17) centres pénitentiaires haïtiens existants…

RESUME du rapport

Le système carcéral haïtien tel qu’il fonctionne aujourd’hui constitue une source de préoccupations pour la société haïtienne. Les prisons, au lieu d’offrir aux détenus un espace de correction et de réhabilitation, représentent une source d’insécurité tant pour les détenus que pour la société elle-même.

Suivant les normes internationales, l’espace carcéral par détenu est de 4 m2 50. La Direction de l’Administration Pénitentiaire (DAP), devant son incapacité à respecter cette disposition, projette d’octroyer un espace minimal de 2 m2 50 par détenu. Aujourd’hui, l’espace total de détention en Haïti est estimé à 5.041 m2 53, avec un nombre de places réelles de 2.017 détenus au regard de la projection de 2 m2 50 de la DAP. Or, pour ce même espace, la population carcérale, au 13 octobre 2009, est de 8.898 détenus, soit une moyenne de 0 m2 60 par détenu. Par conséquent, les détenus évoluent dans une totale promiscuité. Faute d’espace, ils se couchent par relève à même le sol, ou fabriquent des hamacs pour dormir. De plus, Les prisons se situent dans un environnement crasseux, malsain, avec parfois, des piles d’immondices adjacentes, exposant ainsi les détenus à toutes sortes de maladies telles que la galle, la grattelle, la tuberculose, la leptospirose, la sarcoptose.

Les conditions susmentionnées sont la cause de plusieurs cas de décès répertoriés dans les prisons haïtiennes. De janvier octobre 2009, 62 détenus ont perdu la vie contre 54, en 2008 alors que nombre de détenus tombent malades en raison des conditions inhumaines et dégradantes dans lesquelles ils évoluent au sein des prisons.

Malgré les différentes mesures prises par les autorités en vue de réduire le taux de détention préventive prolongée, 75.8 % de la population carcérale sont en attente de jugement.

Parallèlement, les conditions de travail des agents pénitentiaires sont pénibles. Sans plan de carrière et sans matériels adéquats de fonctionnement tels que boucliers, gaz lacrymogène, menottes, gants, cache-nez, eau à pression, etc., ils accomplissent un travail appréciable avec le peu de moyens dont ils disposent.

De tout ce qui précède, le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) ainsi que ses Réseaux Départementaux invitent les autorités concernées, à l’occasion de la journée internationale des prisonniers, à se pencher sérieusement sur la problématique de la prison en Haïti en vue d’adresser les différents problèmes auxquels fait face le système carcéral haïtien et d’amorcer enfin la réforme carcérale annoncée depuis plusieurs années.

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