Paru dans Le Nouvelliste

Le processus de refoulement continu des Haïtiens illégaux par les autorités dominicaines depuis des années dans les limites de la frontière haïtiano-dominicaine a occasionné un entassement assez massif de migrants dans certaines villes frontalières haïtiennes. La commune de Ganthier, est située sur le tracé frontalier des deux pays, devient au fil des années une des destinations choisies par les transporteurs dominicains pour débarquer des Haïtiens. Il s’ensuit que dans la majorité des cas, les refoulés et leur famille, dépourvus de tout et oubliés par les autorités locales, ne sont pas originaires de ladite commune et sont destinés à vivre eux et leur famille de la charité des Ganthiérois ou du support de quelques organismes bienfaiteurs de la ville.

Face à l’inertie des responsables de l’État haïtien et pour venir en aide aux filles et fils des migrants refoulés de la République dominicaine, des personnes vulnérables et des femmes migrantes dans la commune de Ganthier, frontalière avec la République voisine, le Collectif des jeunes de Gros-Balancé pour un autre Ganthier (CJGBG) apporte un accompagnement social à ces catégories grâce à l’appui de la Fondation Julia Taft de l’ambassade américaine.  

Collectif des jeunes de Gros-Balancé pour un autre Ganthier (CJGBG), un organisme à but non lucratif qui a pris naissance le 15 juin 2015 dans la commune de Ganthier, travaille avec des enfants et des jeunes dans des domaines aussi divers que l’éducation, la culture, les droits des enfants, etc, avec le support d’organismes nationaux et internationaux tels que OIM, Point Santé-Haiti, la Fondation Julia Taft de l’ambassade américaine.

En dépit des moyens assez limités dont dispose, les réalisations du CJGBG sont légion. En effet, dans le cadre de ce projet intitulé « Accompagnement social des migrants et/ou des personnes vulnérables à Boulaille et au Village Bethel », le CJGBG a payé les frais de scolarité de 120 enfants de migrants comprenant garçons et filles. Durant l’année académique 2021-2022, le collectif a engagé aussi des instituteurs accompagnateurs pour assister les enfants en vue d’améliorer leurs performances scolaires au cours de cette année.

Le 7 janvier 2022, le CJGBG a distribué des kits scolaires (sacs, cahiers, plumes, crayons, gommes) à 100 élèves de classes défavorisées. L’équipe a également profité de cette occasion pour organiser une séance d’animation culturelle ponctuée de chants, de danse, etc, avec les enfants comme acteurs principaux à cette double cérémonie de distribution et de distraction. Ces derniers ont été accompagnés par des parents qui ont reçu eux aussi des kits hygiéniques (serviettes hygiéniques, savon, brosse à dents, dentifrice, etc).

 Les parents de ces enfants, qui ont su apprécier cet accompagnement du CJBGB à sa juste valeur, n’ont pas raté l’occasion de faire part des difficultés auxquelles ils font face comme la disponibilité d’eau potable, l’eau courante ou des toilettes.

Marie Esperencia Néré et Mikerlange Baltazar, deux parents bénéficiaires de kits hygiéniques, ont exprimé leur plus vive satisfaction et reconnaissance au CJBGB. La première n’a pas tari d’éloges sur ses bienfaiteurs pour leur accompagnement. Elle ne savait à quel saint se vouer pour reprendre sa vie normale en Haïti. La deuxième, Mikerlange Baltazar, a remercié chaudement la Fondation Julia Taft qui a permis, à travers son support financier, de trouver des éléments essentiels pour leur survie en tant que femme.  

Ce financement d’une valeur de 25 000 dollars américains de la Fondation Julia Taft a permis au CJGBG d’empêcher la fermeture de deux écoles dans la communauté de Fond-Parisien, quartier et 3e section communale de Ganthier, respectivement à Fonds-Baillard et à Boulaille, deux villages où habitent beaucoup de migrants-es expulsées de la République dominicaine.

La situation des migrants est tellement précaire que jusqu’au mois de janvier dernier, plus de la moitié des parents n’ont pas pu acquitter la scolarité de leurs enfants, faute de moyens financiers. Les responsables ont menacé de fermer les institutions parce qu’ils sont dans l’impossibilité d’honorer les salaires des professeurs.