Note de presse
A l’occasion de l’anniversaire de l’assassinat
des Pères Ti Jean Pierre-Louis et Jean-Marie Vincent

Chaque année, au mois d’août, nous nous souvenons de la mort de deux citoyens solides, qui ont été assassinés, parce qu’il gênaient les intérêts mesquins de certains milieux.

Le 3 août, nous nous souvenions de la mort du Père Ti Jean Pierre-Louis, assassiné dans l’année 1998. Tous se souviendront de sa sensibilité pour les petits et les paysans. Il était totalement dévoué à leur service, détaché de tout. Il aimait la vérité et la justice.

Le 28 août, nous nous souviendrons du Père Jean Marie Vincent, assassiné dans l’année 1994. Tout le monde connaissait son engagement pour les organisations paysannes, et son travail pour que les paysans puissent disposer de leurs propres ressources les permettant de vivre de leur travail.

Nous faisons mémoire de leur engagement pour un changement réel dans le pays.

Après tant d’années, très peu d’avancement a été réalisé pour connaître les auteurs de ces crimes, les commanditaires et les motifs de leur mort. Après tant d’années, personne n’est toujours pas responsable de leur mort violente.

Dans le Règne de l’Impunité, les victimes meurent plusieurs fois :
On les assassine, on étouffe leurs voix,
On enterre la vérité,
On les voue à l’oublie.

Nous ne comprenons pas les raisons pour lesquelles la Justice dans le pays aurait besoin de tant d’années pour mener une enquête sérieuse, comme dans le cas du Père Ti Jean Pierre-Louis.
Nous ne comprenons pas les raisons pour lesquelles la Justice dans le pays avait besoin de tant d’années pour mener une enquête qui manquait solide, et qui n’aboutissait à rien, comme dans le cas de l’assassinat du Père Jean-Marie.

Est-ce que le temps de transition que nous sommes en train de vivre, ne sert pas pour couvrir de nombreux cas d’impunité ? Nous ne voyons pas un réel avancement dans les pratiques et dans l’efficacité du système judiciaire. Nous ne voyons pas encore se réaliser des enquêtes judiciaires qui aboutissent à des procès qui permettent à la société de se réconcilier avec elle-même.
Au contraire, nous sommes témoins comment des jugements qui ont eu lieu sont annulés, comme celui de Raboteau, parce que, d’après ce qu’on dit, ce n’est qu’après 5 ans qu’on s’est aperçu des erreurs commises lors de la tenue du procès.

Le Pouvoir judiciaire ne marque pas de pas en avant ; la vérité ne fait pas surface comme une force qui puisse libérer la conscience des gens. Trop de personnes se trouvent en prison sans motif clair, sans jugement qui les libère ou les condamne.

Nous sommes les témoins de la perpétuation du règne de l’impunité, dénoncé par les Pères Ti Jean et Jean-Marie.

L’institution policière, qui est la seule force de l’ordre légale dans le pays, viole les droits humains à maintes reprises. Des exécutions sommaires ont lieu, comme des brutalités policières ; dans certains quartiers, il est dangereux de vivre comme jeune garçon. Nous encourageons la police, qui constitue la seule force de l’ordre légale dans le pays, pour devenir plus performante et plus professionnelle. Nous la demandons de ne pas se servir des méthodes et des pratiques qui violent les droits des citoyens. Nous souhaiterions qui tous puissent faire confiance à la Police.

La Commission Justice et Paix en Haïti exhorte tous ceux qui ont comme devoir de rendre justice, d’entrer dans leur conscience, de prendre courage et de faire marcher le système judiciaire correctement. Qu’ils prennent leur responsabilité pour que le pays puisse finalement trouver la Paix qui est le fruit de la Vérité et de la Justice. Ce sera la meilleure façon d’honorer la mémoire de ceux et celles qui ont donné leurs vies pour le changement de ce pays.

Pour le Comité Directeur National.