14 policiers abandonnent leurs armes, 2 véhicules incendiés, après une opération ratée à Thiotte

La ville de Thiotte a échappé au pire le vendredi 27 avril 2018. 14 policiers et 2 arpenteurs ont été évacués en catastrophe de cette ville alors qu’ils ont été pris à partie par des membres de la population. Plusieurs vidéos de la fuite de ces agents de la PNH deviennent virales sur la toile. Contacté par le journal, le député de la zone, Vickerson Garnier, indique que les forces de l’ordre ont été amenées dans la zone par Jacques Bleck, prétextant que sa famille y détient 317 carreaux de terre. « Les agents de la PNH sont arrivés aux environs de 1h p.m. dans la localité de Bleck, située dans la section communale de Marmirande. Jack Bleck réclame des terres dans cette localité qui porte son nom alors que les riverains y vivent depuis plus de 200 ans. Les 317 carreaux que celui-ci réclament s’étendent sur les communes de Thiotte, de Grand Gosier et d’Anse-à-Pitres. Il s’était fait accompagner par des agents du BRICIF dans le but d’exécuter, selon lui, un jugement. Les habitants m’ont contacté 15 minutes plus tard. J’ai appelé la direction départementale du Sud-Est, la délégation départementale, le commissaire du gouvernement, les autorités policières au niveau national, personne n’était au courant de cette opération », indique-t-il.

Le député raconte que la situation a dégénéré quand un adolescent de 12 ans a été atteint de balle de la part des agents de la PNH. En colère, les membres de la population ont incendié les deux véhicules qui transportaient les policiers. « Après des heures de médiation, les agents et les arpenteurs ont pu quitté la ville, sous le choc, aux environs de 1h30 a.m. L’un d’entre eux est sorti blessé », détaille-t-il.

Plus loin, Vickerson Garnier a souligné que les agents de l’ordre, fuyant la furie de la population, ont abandonné leurs armes. « Ce sont des armes de marque galil, des fusils 12 et des armes de poing de calibre 9 mm. Des notables et d’honnêtes citoyens, à qui j’ai parlé, sont en train de permettre qu’on récupère ce matériel », a-t-il dit, promettant de continuer le dialogue avec les membres de la communauté qui afin de récupérer ces armes éparpillées dans la nature. Il y a quelques années, le même incident s’était produit dans la zone alors que le même Jack Bleck s’était fait accompagné de policiers pour exécuter ce jugement, rappelle Vickerson Garnier.

Le député s’est montré très critique vis-à-vis de la Brigade d’intervention contre l’insécurité foncière (BRICIF). Selon lui, cette brigade ne peut pas exécuter de jugement à tout-va, comme c’était le cas ce vendredi à Thiotte. « Les responsables de cette brigade, s’ils ont été contactés, auraient dû analyser la situation, consulter la population, avant de prendre une quelconque décision », estime-t-il.

Le Nouvelliste s’est entretenu avec le directeur départemental du Sud-Est de la PNH, Menès Auguste. Selon sa version des faits, la population s’était opposée à l’exécution d’un jugement par les agents du BRICIF. Ces derniers, explique Menès Auguste, avaient refusé d’affronter les habitants qui les a mis en déroute. « Étant donné que l’endroit est enclavé, les policiers n’avaient pas pu quitter la zone avec les deux véhicules. Ils sont sortis sains et saufs mais les véhicules ont été incendiés », explique-t-il.

Menès Auguste indique plus loin qu’il n’a pas été mis au parfum de cette opération. « Je le comprends très mal. Mais je pense que cela s’est passé ainsi parce que cette unité relève du ministère de la Justice. Sinon, la DCPA ou la direction générale m’aurait contacté », souligne-t-il.

En début d’après-midi, le secrétaire d’État à la Sécurité publique, Léon Ronsard Saint-Cyr, a publié une note de presse concernant l’incident. « Le bureau du secrétaire d’État à la sécurité publique (BSESP) informe la population que suite à une opération régulière dans le département du Sud-Est, deux véhicules du convoi de la Brigade d’intervention contre l’insécurité foncière (BRICIF) ont été incendiés par des inconnus dans l’après-midi du 27 avril », a-t-on indiqué dans la note acheminée à la rédaction du journal et portant la signature du secrétaire d’État, Léon Ronsard St-Cyr.

« Le bureau du secrétaire d’État salue le comportement professionnel et exemplaire de ces vaillants policiers pour leur conduite face à des menaces et des jets de pierre dont ils ont été l’objet et remercie quelques notables de la zone qui ont permis à ces 14 policiers de regagner leurs domiciles respectifs tôt ce samedi 28 avril 2018. »

Plus loin, le bureau du secrétaire d’État dit condamner énergiquement « cet acte inqualifiable » et renouvelle « sa détermination à combattre l’insécurité foncière sous toutes ses formes». Le bureau du secrétaire d’État a souligné que, pour l’heure, la situation est retournée à la normale. « Le bureau en profite pour demander à la population de Thiotte de garder son calme », conclut la note qui annonce qu’un point de presse sera donné incessamment.