Lettre ouverte de la SOFA (Solidarité Femmes Haïtiennes), ci dessous.
Et rapport sur la violance faite aux femmes de janvier à juin 2006.

Port-au-Prince, 31 juillet 2006

Lettre ouverte aux Instances Étatiques :

Parlement Haïtien – Sénat et Chambre des Députés-es
Ministère à la Condition Féminine et aux Droits de la Femme
Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique
Ministère de la Santé Publique et de la Population
Ministère de la Culture et de la Communication
Office de Protection du Citoyen /de la Citoyenne

Objet : Présentation du Rapport bilan III

Mesdames, Messieurs les Responsables gouvernementaux,

La Solidarité Fanm Ayisyen (SOFA) vous envoie son troisième Rapport bilan documentant les cas de violence envers les femmes et les filles accueillies dans ses 21 centres Douvanjou. Ce troisième Rapport bilan vous expose les cas de violation des droits de trois cent trente (330) femmes et filles âgées de 6 à 67 ans, accueillies par la SOFA de janvier à juin 2006. Elles sont victimes de toutes sortes d’abus relatifs à la situation de violence structurelle et politique ciblant les femmes dans la société haïtienne.

Mesdames, Messieurs, nous faisons appel à vous en tant que Responsables afin de trouver des solutions adéquates afin d’enrayer ce mal social qui frappe au moins 80% de la population féminine haïtienne. Nous vous retransmettons donc le Cri d’alarme de plus de ces trois cent trente (330) victimes d’irresponsabilité paternelle, de harcèlements, de viols (collectifs, conjugaux et suivis de grossesse). Elles se retrouvent d’autant plus victimes face à l’inaction et au laxisme des forces de l’ordre et de la Justice.

Face à cette violence systématique se dressant contre l’exercice et la jouissance des droits et libertés des haïtiennes, la SOFA croit que, pour enrayer ce fléau, la responsabilité de l’État doit être manifeste et les actions à entreprendre concrètes. Nous insistons sur le fait que les multiples violations des droits de ces femmes restent impunies. Effectivement, l’absence d’un cadre juridique adéquat, le silence des responsables de l’Etat, la corruption, l’absence de mécanismes et de structures à travers lesquelles des réponses appropriées seraient données ainsi que la lenteur et le dysfonctionnement de nos institutions cautionnent l’impunité dénoncée par les victimes. Ces dernières réclament également que la justice prenne ses responsabilités et que les agresseurs condamnés purgent la totalité de leur sentence.

Nous exhortons les Parlementaires d’adapter le cadre juridique haïtien aux différentes conventions internationales ratifiées par Haïti relatives à la lutte contre la violence faite aux femmes telles : La Convention Contre toutes les Formes de Discrimination à l’égard des Femmes, adoptée en 1979 et mise en vigueur en 1981, et la Convention Belem do Para pour Prévenir, Sanctionner et Éliminer la Violence Faite aux Femmes, adoptée en 1994, renfermant des propositions qui pourraient nous servir de guide pour la mise en place de programmes visant à combattre la violence sexo-spécifique. Nous réclamons également que les prescrits du Décret du 6 juillet 2005, relatif à la révision des sanctions pénales dans les cas de viol, soient fermement appliqués.

Avec le Rapport bilan III, nous voulons d’une part, attirer votre attention sur les cas accueillis dans nos 21 centres d’accueil et d’accompagnement au cours de la période allant de janvier à juin 2006 et, d’autre part, réitérer les constats et les recommandations que nous avons adressés à l’État dans nos deux précédents Rapports bilan (juin 2005 et janvier 2006). De plus, ce rapport contient des recommandations spécifiques sur lesquelles nous voulons que vous preniez des décisions rapides et concrètes, notamment en ce qui concerne les cas d’irresponsabilité paternelle et le suivi des dossiers en instruction.

Nous avons espoir, Mesdames, Messieurs les Responsables, que ce troisième Rapport bilan saura vous interpeller sur les souffrances quotidiennes des centaines de milliers de femmes et sera pris en compte par le nouveau gouvernement. Que le cri des trois cent trente (330) femmes et filles présentées dans le cadre de ce rapport et des six cent cinquante et un (651) autres cas exposés dans les rapports précédents sera entendu et nos recommandations considérées.

Espérant que vos réactions nous parviendront à travers les actions que vous aurez à entreprendre en réponse à la problématique de la violence faite aux femmes en Haïti, recevez, Mesdames, Messieurs les Responsables de l’État, nos salutations patriotiques.

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Olga BENOIT Carole P.P. JACOB
Responsable Axe Lutte Coordonnatrice du Bureau
Contre la Violence faite aux Femmes Exécutif

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Marie Eveline LARRIEUX
Coordonnatrice Générale

P.J. : Rapport bilan III