Les autorités dominicaines ont durci le ton au cours des six premiers mois de l’année soit de janvier à juin 2019. 52510 cas de rapatriement, 109 mineurs non accompagnés et 700 retourné-e-s spontanés ont été recensés au niveau des points frontaliers officiels et non officiels entre Haïti et la République Dominicaine.

 

Le GARR a observé, au cours du mois du juin, une grande augmentation du nombre des migrant-e-s rapatriés à la frontière haïtiano-dominicaine. La commune de Ferrier (Nord-Est) qui n’a que des points de passage non-officiels vient en tête de liste avec un total 6876 dont 5093 Hommes, 1524 Femmes, 236 garçonnets et 23 fillettes. Ensuite vient Belladère, commune frontalière du Centre avec 2882 rapatriés dont 2595 Hommes et 283 Femmes. Il y a 4 enfants, tous de petits garçons.

Dans le processus de rapatriement, les enfants reçoivent les mêmes traitements que les adultes, à savoir bastonnades, violences, mauvaises conditions de détentions, dépossessions, etc. Les constats sont les mêmes, les femmes quoique en quantité réduite par rapport aux hommes subissent les dures épreuves et sont plus à risque d’être harcelées ou violées.

Dans la même logique, trois autres communes s’ensuivent. Ce sont respectivement  Ouanaminthe (Nord-Est) avec 2353 rapatrié-e-s et deux communes du département de l’Ouest dont Malpasse avec 208 rapatrié-e-s et Cornillon/Grand-Bois qui a une particularité avec les retours spontanés qui sont au nombre de 85. Ce qui fait un total de 12374 rapatrié-e-s rien que pour le mois de juin 2019. Une augmentation de plus 23.5 % par rapport aux mois antérieurs.

Les raisons de cette augmentation peuvent être multiples. Etant en période pré-électorale, les autorités dominicaines veulent attirer l’attention dans la société dominicaine. Comme c’est toujours le cas, le dossier migratoire est agité pour avoir d’autres sympathisants afin de grossir son électorat dominicain. Parallèlement, le gouvernement dominicain veut rester à l’écart des caméras internationales, il rapatrie ainsi les migrant-e-s dans les points non officiels afin que les violations souvent dénoncées par les rapatrié-e-s soient passées inaperçues dans la presse internationale.

Les migrant-e-s rapatriés au cours du premier semestre de l’année 2019 ont vécu entre un mois et dix ans en République dominicaine. La majorité d’entre eux vivaient dans les villes dominicaines de Las Matas, San Juan de la Maguana, San Cristóbal, Santiago, Barahona, Higuey, San Pedro de Macoris et à Santo Domingo.

Les méthodes utilisées dans les opérations de rapatriement par les autorités dominicaines sont toujours controversées. Au niveau du discours, elles prétendent respecter les normes, pourtant les faits les contredisent. De plus, le Protocole d’accord sur les mécanismes de rapatriement qui a été signé en décembre 1999 par les deux Etats qui partagent l’Île, n’a aucune force contraignante. C’est pourquoi les agents de la migration dominicaine le rejettent d’un revers de main.

D’un autre côté, le gouvernement haïtien fait l’autruche dans le dossier. N’ayant pas la légitimité pour exiger quoique ce soit puisque lui non plus, il n’a pas respecté les clauses inscrites qui le concernent dans ledit document.

Le GARR croit que, face à l’état actuel des choses, les deux Etats doivent faire montre de responsabilité en discutant sur le dossier avec franchise et la volonté d’inciter un réel changement favorable aux bons rapports binationaux et au respect des droits humains des personnes migrantes.