Paru dans Alterpresse

Le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) demande au Ministère de la justice et de la sécurité publique (Mjsp) et à la Police nationale d’Haïti (Pnh) de cesser d’empêcher les paisibles citoyennes et citoyens de manifester contre la criminalité, l’impunité et la corruption dans le pays.

Au lieu de s’en prendre à la population, la Pnh, dirigée par Rameau Normil, doit s’atteler à rechercher les bandits ainsi que tous les autres contrevenants à la loi, et à les déférer par devant les autorités judiciaires, pour les suites de droit, souhaite le Rnddh.

L’organisme de défense des droits humains lance cet appel, dans une lettre ouverte adressée au président du Conseil supérieur de la Police nationale (Cspn), Joseph Jouthe, également premier ministre de facto, et dont un extrait est parvenu à l’agence en ligne AlterPresse.

Les agents d’unités spécialisées de la Pnh violent systématiquement les libertés d’expression et de réunion du peuple haïtien, alors qu’ils font preuve d’une grande complaisance vis-à-vis des bandits armés, comme constaté le mardi 7 juillet 2020, lors d’une démonstration de force de gangs armés, qui n’étaient nullement inquiétés, dans plusieurs quartiers, dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince.

Le Rnddh condamne la dispersion violente, par des agents de la Pnh, de deux rassemblements pacifiques, organisés les lundi 29 juin et lundi 6 juillet 2020, par le regroupement de citoyennes et de citoyens Nou p ap dòmi devant les locaux du Mjsp, à Port-au-Prince.

Pourtant, le 7 juillet 2020, la Police nationale d’Haïti était absente, au moment de la démonstration de force de gangs lourdement armés, sur la voie publique.

Le Réseau national de défense de droits humains critique la « magnanimité » (le laxisme, voire de la nonchalance, dans la protection d’agents de police, qui seraient fautifs dans leurs agissements), dont fait montre l’Inspection générale de la Pnh (IgPnh) vis-à-vis d’agents de l’institution, qui perpètrent des actes de violation des droits humains.

Il exige des sanctions sévères à l’encontre de tous policiers, ayant accepté d’obéir aux ordres « manifestement illégaux » de s’attaquer aux manifestantes et manifestants pacifiques.

Par ailleurs, le Rnddh signale une situation chaotique sur le territoire national, témoignant de l’échec du président Jovenel Moïse (depuis l’année 2017), des violations diverses des droits de la personne humaine, une grande misère de la population et de nombreux actes de corruption au sein de l’administration publique actuelle.

Pour les seuls mois de mai et de juin 2020, au moins 54 personnes ont été assassinées par balles ou à l’arme blanche, sous les yeux de la Police nationale d’Haïti, rappelle le Réseau national de défense de droits humains, soulignant combien la situation s’est aggravée à cause de la gangstérisation du pays, renforcée par une Fédération de gangs armés (G9) – dont le bureau central, représentant tous les départements (géographiques) d’Haïti, est basé à Port-au-Prince – avec la bénédiction des autorités au pouvoir.

Au fort de critiques acerbes sur l’appui complice, qu’il donne aux autorités, le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh), sans mentionner les manœuvres des gangs armés, a admis, la semaine dernière, la nécessité de « mettre un terme à l’impunité, l’un des principaux facteurs de violence et de destruction du tissu social » en Haïti.

[Retrouvez l’article ici]