Paru dans Le Nouvelliste

Une  chevauchée dans un cimetière. Un cri, une annonce: « Dessalines est ressuscité » ! L’empereur laisse les résidents du pays sans chapeau. Il est là, au bas de la ville. Le travelling plante l’empereur dans l’actualité des rues de Port-au-Prince, la capitale d’Haïti, puis au boulevard qui porte son nom. Le boulevard Jean-Jacques Dessalines est crasseux, défoncé, bordé de terrains vagues et de ruines de maisons effondrées lors du séisme du 12 janvier 2010. Les images glissent  sur fond d’un rap, la bande originale (BO). Nesmy, avec l’énergie d’un 50 Cents, s’approprie  les mots de l’illustre Félix Morisseau Leroy : « Mèsi Papa Dessalines. » Il y a l’hommage, la reconnaissance mais un début d’interpellation. Le contraste est total. Saisissant.

Les premières des 94 minutes de « Dessalines : le vainqueur de Napoléon », un documentaire d’Arnold Antonin, déstabilisent. Les séquences happent, interpellent, confortent ensuite le jugement. Le nôtre. Nous, Haïtiens, Haïtiennes, sur notre gestion du  legs de l’empereur. Si Dessalines savait ce qui se passe aujourd’hui, il sommeillerait encore dans la poussière, lâche une voix off, comme pour enfoncer le clou de nos manquements face à Papa Dessalines, le chef militaire  de la révolution haïtienne, la seule, intervenue bien après les révolutions américaine et française, à avoir proclamé l’égalité de tous les êtres, la liberté pour tous les hommes, quel que soit la couleur de leur peau…

« … J’ai tout sacrifié pour voler à ta défense… », dit le personnage de Dessalines lui-même. D’autres images défilent. Elles interrogent les héritiers mais font plus. Elles proposent la découverte ou la redécouverte de Dessalines dans toutes ses aspérités. Ses parts d’ombre et de lumière, son parcours d’esclave, de lieutenant de Toussaint Louverture, son génie militaire. L’homme, le bon vivant, ses lits, les enfants qui y sont conçus, le danseur, l’époux, le chef d’État, sa vision politique, sa conception de la question de couleur, son projet économique, son assassinat le 17 octobre 1806, et l’infamie dans l’infamie le black-out mémoriel de 40 ans…    La proposition est copieuse. Riche.               

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