Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés
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LES AUTORITÉS DOMINICAINES RAPATRIENT 122 RESSORTISSANTS HAÏTIENS A 2H DU MATIN A LA FRONTIÈRE
Note de presse, 11 août 2005

Le mercredi 10 août 2005, à 2 heures du matin, un effectif de 12 militaires dominicains, 3 agents de la Migration et 5 policiers ont largué un groupe de 122 Haïtiens à la frontière de Belladère, a appris une équipe du GARR sur place.

Le Comité des Droits Humains de Belladère qui a acccueilli ces 122 personnes, a confié que c’est la toute première fois que les autorités dominicaines procèdent à un rapatriement de cette envergure aux premières heures de l’aube. Divers témoignages recueillis des rapatriés font état de violences physiques et verbales subies pendant la déportation.

« Les chefs dominicains ont décidé de repartir avec deux d’entre nous qu’ils avaient sévèrement battus auparavant, et qui se trouvaient très mal en point » ont révèlé plusieurs rapatriés. Deux parentes de l’un de ces hommes ramenés connu sous le nom de Jean-Claude, sont arrivées à Belladère dans la journée pour s’enquérir de son sort. Elles sont très préoccupées, car elles ignorent vers quelle destination les militaires dominicains ont conduit leur proche.

Les rapatriés, pour la plupart, avaient été arrêtés en divers points du territoire dominicain et conduits en prison à Haina, avant d’ètre amenés à la frontière.

Depuis les évènements de Hatillo Palma, en mai 2005, on assiste de plus en plus à des rapatriements intempestifs et abusifs de la part des autorités dominicaines qui profitent du moindre incident pour cibler les communautés haïtiennes et enclencher des déportations massives et généralisées, en dehors de tout processus judiciaire. Ainsi, le 3 août 2005, à Mao Valverde, au Nord de la République Dominicaine, après l’assassinat d’un adolescent de 14 ans, attribué sans résultat d’enquête préalable, à un Haïtien, plus de 250 membres de la communauté haïtienne de Mao et des environs, ont été rapatriés à la frontière de Dajabon, selon le journal dominicain «El Caribe» du 7 août 2005.

A la frontière centrale de Belladère, les vagues de rapatriements n’ont pas cessé depuis fin juillet 2005. Il ne se passe une semaine sans que le Comité des Droits Humains de Belladère n’accueille au moins une centaine de personnes, dont des malades déportés sans ménagement à la frontière.

Les représentants de l’Etat haïtien brillent par leur absence à ce point frontalier officiel et les rapatriés, à leur arrivée, ne recoivent guère les services de l’institution d’Etat préposée à la migration, à savoir l’Office National de la Migration (ONM).

Outre les prescrits de la Convention Interaméricaine des Droits de l’Homme, le gouvernement dominicain, par ces rapatriements massifs et abusifs, viole les termes du Protocole d’Accord sur les mécanismes de rapatriement signé avec son homologue haïtien, en décembre 1999. Rappellons que le point A dudit Protocole stipule : « Les autorités dominicaines s’engagent à ne pas effectuer des rapatriements durant la nuit, c’est-à-dire, de 6 heures du soir jusqu’à 8 heures du matin ».

Est-ce que le Ministère des Affaires Etrangères, dont l’un des ex-titulaires eut à signer, avec son homologue dominicain, le Protocole d’Accord de 1999 interdisant les rapatriements à 2 h du matin, comme celui de Belladère, choisira le silence ou la défense des intérêts des ressortissants haïtiens par la dénonciation, entre autres, de cette violation du Protocole et des multiples abus dont ils sont victimes? ( Fin de texte)

Lisane André
Section Communication et Plaidoyer